Les perles, c'est la vie
Les perles, c'est la vie
Où je vous raconte beaucoup ma vie, en fait, et pourquoi les perles sont revenues en force dans mon travail.

 

J’ai un coté un peu touche à tout, il faut l’admettre.

 

J’aime la couture (les vêtements, les accessoires, les costumes, les corsets, le patchwork…), la broderie créative (spéciale dédicace à Michele Carragher, la brodeuse des costumes de Game of Thrones), le tricot (même si je n'ai plus trop le temps, depuis qu'on a limité les journées à 24h), le bricolage, jouer avec Photoshop, faire de la ganache montée, réaliser mes boutons en Fimo, enfiler des perles… J’ai testé les scoubidous, mais pas les bracelets brésiliens, la résine, la soudure, et si j’avais le temps j’adorerais essayer la broderie de Lunéville, le feutrage de la laine, le travail du cuir et le saut en parachute.

C’est sans doute dû à ma famille.

 

Mon père faisait des meubles sur son temps libre (mon lit, ma commode, la cuisine… et plus tard une table à langer pour mes enfants, et encore plus tard des bureaux pour leurs chambres), il disparaissait dans la salle de bain transformée en chambre noire pour développer des photos, on avait un ampli en kit dans le salon, un décodeur Canal+ en fils et circuits imprimés dans un panier à coté de la télé…

Ma mère a toujours tricoté beaucoup, depuis qu'elle est en retraite je ne vous raconte même pas, cousu un peu, cuisiné énormément.

Mes deux parents animaient des ateliers le samedi matin dans mon école primaire, préparaient des lots pour les stands de la kermesse (des dessous de plat carrelés pour mon père, des habits de poupée pour ma mère). Bref, dans mon enfance j’ai toujours vu mes parents faire des trucs, travailler de leurs mains et réparer plutôt que de jetter.

« Toute petite déjà »

 

'Toute petite déjà' donc, j’ai appris le point de croix, le tricot, le crochet… Je découpais mes sweatshirts trop petits pour faire des robes à mes poupées, je récupérais des boites d’allumettes et des boites de chaussures vides pour faire des maisons de poupées, je demandais des Posca pour Noël, suite à l’ouverture de LA boutique de travaux manuels de Brest (on ne disait pas encore loisirs créatifs).

Et je lisais beaucoup aussi. Beaucoup, beaucoup, beaucoup, des livres de mon âge et des pavés pour adultes. Des vieilles Bibliothèques Vertes (et roses) chez mes grands parents, des livres encore plus vieux avec des sous titres de chapitre du style 'Où on apprend que le héros n'en ai pas un', des policiers de Exbrayat de la collection Le Masque, les Sherlock Holmes...

Les livres, c’est magique, on s’invente des mondes dans sa tête (et on est souvent déçu par les adaptations, du coup. Oui je pense très fort au Prisonnier d’Azkaban et au fait que Gary Oldman n’est absolument PAS comme j’imaginais Sirius Black).

Il y a des passages de livres qui m’ont fascinée et sont restés gravés dans mon esprit :

 

La débauche de détails pour décrire la richesse et le luxe de la garde robe de la poupée de Marguerite dans « Les Petites Filles Modèles » de la Comtesse de Ségur :

 

Marguerite était enchantée de sa jolie poupée et de son trousseau. Dans le tiroir d’en haut de la commode, elle avait trouvé :

  • 1 chapeau rond en paille avec une petite plume blanche et des rubans de velours noir ;
  • 1 capote en taffetas bleu avec des roses pompons ;
  • 1 ombrelle verte à manche d’ivoire ;
  • 6 paires de gants ;
  • 4 paires de brodequins ;
  • 2 écharpes en soie ;
  • 1 manchon et une pèlerine en hermine.

Dans le second tiroir :

  • 6 chemises de jour ;
  • 6 chemises de nuit ;
  • 6 pantalons ;
  • 6 jupons festonnés et garnis de dentelle ;
  • 6 paires de bas ;
  • 6 mouchoirs ;
  • 6 bonnets de nuit ;
  • 6 cols ;
  • 6 paires de manches ;
  • 2 corsets ;
  • 2 jupons de flanelle ;
  • 6 serviettes de toilette ;
  • 6 draps ;
  • 6 taies d’oreiller ;
  • 6 petits torchons.
  • Un sac contenant des éponges, un démêloir, un peigne fin, une brosse à tête, une brosse à peignes.

Dans le troisième tiroir étaient toutes les robes et les manteaux et mantelets ; il y avait :

  • 1 robe en mérinos écossais ;
  • 1 robe en popeline rose ;
  • 1 robe en taffetas noir ;
  • 1 robe en étoffe bleue ;
  • 1 robe en mousseline blanche ;
  • 1 robe en nankin ;
  • 1 robe en velours noir ;
  • 1 robe de chambre en taffetas lilas ;
  • 1 casaque en drap gris ;
  • 1 casaque en velours noir ;
  • 1 talma en soie noire ;
  • 1 mantelet en velours gros bleu ;
  • 1 mantelet en mousseline blanche brodée.
 

 

Le changement de laçage du corset pour passer de 45cm à 43cm dans « Autant en Emporte de le Vent » de Margaret Mitchell pour mettre « la » robe pour le pique-nique… J’avais pris mon mètre ruban pour en faire un cercle de 43cm de tour, et j’avais halluciné !

 

« Sa robe de basin noire aux manches bouffantes et au col de dentelle princesse mettait admirablement en valeur sa peau blanche, mais elle la vieillissait un peu.[…] Il ne restait plus que la robe de mousseline verte à fleurs qu’elle avait portée la veille. […]La robe de mousseline ne faisait que quarante-trois centimètres de tour de taille et Mama l’avait corsetée pour porter la robe de basin qui faisait quarante-cinq centimètres. »

 

 

La description des robes de Jeanne dans « La Bougainvillée » de Fanny Deschamps

 

'Elle ôta son habit d’homme, ouvrit le coffre de sa chambre et médita devant son choix de jupons et de caracos. Finalement elle passa l’un sur l’autre deux jupons de fin droguet d’été […] Elle retroussa dans ses poches le jupon de dessus à très larges rayures vertes et blanches, pour bien dégager le vert uni du jupon de dessous à falbalas. Le casaquin collant à basques arrondies et simplement boutonné, du même vert feuille printanier, moulait joliment son buste.'

'Puis il y avait la robe, coupée dans un magnifique gros de Tours à fleurs. Son manteau, étroitement ajusté sur le buste, s’ouvrait largement depuis les épaules, d’abord sur un devant très décolleté de blonde plissée, ensuite sur un jupon à double falbala. Sous les manches arrêtées aux coudes, les engageantes étaient de blonde triplée, comme le devant. Le brochage de la soie - des bouquets de roses roses nouées de nœuds verts – chatoyait gaiement sur le lumineux fond crémeux. Un étroit tour de cou de minuscules roses de mousseline et des souliers de satin crème à boucles dorées complétaient la ravissante toilette. Le panier était si volumineux que Jeanne pouvait laisser reposer avec grâce ses mains sur la soie de sa jupe comme sur deux coussins.'

 

Le chapitre de « La Petite Maison dans la Prairie » où Marie et Laura trouvent des perles dans un camp indien abandonné et en font un collier pour leur petite sœur Carrie :

 

« Brusquement, Laura s’écria :

 - Regardez ! Regardez !

Quelque chose de bleu clair brillait dans la poussière. Elle se baissa et ramassa une belle perle bleue. Laura poussa un cri de joie.

Marie vit alors une perle rouge, puis Laura découvrit une perle verte et elles oublièrent tout ce qui n’était pas les perles. Papa les aida dans leurs recherches. Elles trouvèrent des perles blanches et des perles brunes et bien d’autres perles rouges et bleues. Tout l’après-midi, elles cherchèrent des perles dans la poussière du camp indien. […]Marie et Laura s’assirent côte à côte sur leur lit et enfilèrent leurs jolies perles. Chacune d’elles humectait son extrémité du fil en se la fourrant dans la bouche, avant de lui faire subir une torsion. Marie passait ensuite son extrémité du fil dans le petit trou de chacune de ses perles et Laura faufilait son extrémité du fil dans ses perles à elle, l’une après l’autre. Les perles firent un très joli collier. »

 

Premières réalisations

 

Tout ça pour vous dire, que « toute petite déjà », j’avais une passion (aussi) pour les perles. Forcément à l’époque, il y a, pfff, au moins deux siècles, on ne trouvait facilement que des perles de rocaille. J’ai donc commencé à bricoler avec ces petites perles, que je conservais dans des mini pots de confiture Bonne Maman (merci les petites déjeuners servis sur Air France, et les voyages professionnels, pour ce système de rangement topissime).

 J’avais flashé sur une photo de Naomi Campbell, qui posait en maillot de bain pour Vogue, coiffée de deux grosses tresses avec des médaillons perlés au bout. Comme je suis très conservatrice, j’ai toujours mon essai de médaillons, en perle de rocaille, sur du carton épais et bien raide de 4mm, avec un élastique mousse collé à la super glu au dos (tout en finesse / l’élastique n’a pas survécu). Mes doigts s’en rappellent encore.

Ensuite mon père m’a fabriqué un métier à tisser les perles, en bois, qui m’a permis de réaliser des tissages, dont j’ai aussi encore des pièces…

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La suite

 

J’ai continué dans la perle avec des techniques diverses, en passant bien sûr par la phase des bagues en toupies Swarovski (2002/2003, les magazines « Cristaligne » ? Vous vous rappelez ??), en évitant quand même la tendance shamballa, pour en arriver à me faire offrir à Noël le super livre « Beadings with cabochons » qui m’a ouvert de nouveaux univers, surtout quand les perles Miyuki sont devenues disponibles.
Le livre 'Beading withs cabochons' est consultable en version pdf sur Internet Archive.
 
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Et maintenant

 
Et maintenant, j'ai découvert le tissage à l'aiguille, qui permet de sertir les cabochons encore plus proprement qu'avec les techniques que j'avais apprises jusque là, grace aux perles miyuki, des perles très régulières dont la taille du trou permet de passer plusieurs fois l'aiguille et le fils dans la même perle, sans la casser. Elles existent dans une multitude de couleurs, avec des numéros comme les fils à broder, et des tailles différentes. Bref, elles offrent un panel de possibilités incroyables, surtout quand on les mélange à d'autres perles.
Voici quelques unes de mes dernières réalisations, dans des styles très différents :
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